Quantcast
Channel: La Plume de Jijisub » Isshin
Viewing all articles
Browse latest Browse all 9

In your Arms 9

$
0
0

La Plume de Jijisub - Auteure / éditeur de romans homo-romantique et romantique

L’appartement était parfaitement calme ce matin-là, comme tous les matins depuis qu’Amagai vivait seul. Lorsque le radioréveil sonna, sa main tâtonna un petit moment pour trouver l’objet qui interrompait un rêve terriblement érotique où Isshin tenait le premier rôle. Couper un rêve pareil… à une minute aussi croustillante… quoiqu’il ait eu l’impression de se faire dévorer par son patron. Le médecin ouvrit péniblement un œil et roula sur le dos. Songeur, Shuusuke resta un moment à contempler son plafond.

S’agissait-il d’ailleurs du même homme qu’il avait croisé au cours de ces dix dernières années ? Lui qui paraissait si inaccessible. Les souvenirs affluaient et non sans une certaine amertume, le médecin se remémora ses débuts au sein de l’hôpital.

Amagai avait craqué pour lui lorsqu’il l’avait aperçu la première fois dans le hall. Mais, quand le jeune médecin avait appris, et ce très rapidement, qu’Isshin Kurosaki était homophobe, Shuusuke avait créé dans son inconscient une barrière entre lui et le directeur de l’hôpital. Pourtant, son regard ne pouvait s’empêcher de s’attarder quelquefois sur Kurosaki lorsqu’il le croisait par hasard au détour d’un couloir.

Shuusuke abattit une de ses mains devant ses yeux. Il n’arrivait pas à réaliser ce qu’il vivait. Quelque part, il avait peur que ce ne soit qu’une farce ou l’un de ces rêves que l’on vit tellement fort qu’on avait l’impression de l’avoir vécu. Se levant brusquement pour éviter de trop réfléchir, Amagai se dirigea vers sa salle de bain, prit une douche et s’habilla un bon quart d’heure plus tard.

La cafetière émit quelques minutes plus tard le doux bruissement d’un nectar noir et odorant qui coulait dans le bol à café. Shuusuke grimaça lorsque son pied nu rencontra le coin du pied de table. Il respira à plusieurs reprises comme pour évacuer la douleur. Sa maladresse, elle par contre ne le quittait pas !

La circulation était déjà dense à sept heures du matin. Empruntant la rame bondée, Shuusuke réfléchissait à ce qu’il préparerait à Isshin le soir même pour leur premier rendez-vous. Ce mot avait une saveur particulière. Premier rendez-vous… Se répéta Shuusuke avec un sourire presque béat.

Le médecin avait préféré laisser sa voiture sur le parking de son immeuble. Les commerces où il souhaitait se rendre se situaient dans une rue piétonne. Il perdrait moins de temps en marchant. Les boutiques étaient elles-mêmes non loin d’une entrée de métro.

À sa surprise, son portable vibra. Amagai lut le texto et rosit presque de plaisir. Isshin le déconcertait réellement. Qui pourrait croire que cet homme quelques semaines auparavant était homophobe ? Il mordilla sa lèvre inférieure. Shuusuke eut l’impression qu’une merveilleuse journée se préparait.

Amagai était abasourdi par ses propres réactions. Jamais avec Kensei ou aucun autre de ses amants, il n’avait été aussi… démonstratif, ou… amoureux. Oui… amoureux ! Au point de se découvrir des sentiments avec une joie telle que ses mains tremblaient en recevant un simple texto sur lequel il lisait « passe une bonne journée… »

Amagai avait envie de chanter, de danser… de rire… d’embrasser tout le monde. Il n’arrivait plus à atterrir, flottant sur un nuage de bonheur et de bien-être comme jamais il n’en avait connu. Ce sentiment de se sentir comme le plus parfait crétin aussi… quelque part ça l’amusait, l’agaçait et… le transportait. Il rajeunissait à vu d’œil.

Le bonheur était là, sous les traits d’un homme qu’il avait craint et admiré durant plusieurs années sans rien dire. Isshin Kurosaki, le coup de tonnerre de sa vie. Le coup de foudre improbable. Amagai se précipita hors de la rame. Tout à ses pensées, il avait failli louper sa sortie.

Quand il mit un pied à l’hôpital, à peine intégra-t-il le service qu’il fut happé par des ambulanciers. Il oublia Isshin pour un temps, mais flottait toujours sur un nuage.

Amagai monta dans l’ambulance avec sa trousse. Sa journée commençait sur les chapeaux de roues. L’homme se consacra à l’accident de la route se situant pas très loin de l’hôpital, quelques minutes plus tard.

Lorsqu’il regagna son service, il trouva Shinji Hirako feuilletant un magazine féminin. Amagai haussa un sourcil et feignit de ne rien voir. Il n’avait pas envie de soulever une quelconque polémique et puis chacun faisait ce qu’il voulait. Son humeur était trop bonne pour la gâcher.

« Ça va… pas la peine de me regarder comme ça ! Déclara Shinji sèchement.

- Je ne regarde pas… » se défendit Shuusuke en se servant un café. « Je suis… un peu surpris.

- J’essaye de comprendre la psychologie de ces foutues femelles ! » Cracha le blond en cochant des cases d’un test pour savoir quel genre de femme il était.

- Elles sont compliquées. » Confirma Amagai qui remercia le ciel d’être gay.

- Tss… je me suis encore pris un râteau hier ! Ras-le-bol ! Je me demande si je ne vais pas me rabattre sur un homme. » Grogna Shinji.

Amagai haussa à nouveau un sourcil, interdit. Shinji le foudroya du regard, alors que Shuusuke prenait place en face de lui tranquillement.

« Entre mecs, ça doit être plus facile… Cogita le blond sérieusement.

- Je ne sais pas Hirako-san…

- Je dis ça, mais… je ne m’imagine pas du tout avec un type. Par exemple… j’essaye de m’imaginer en train de vous embrasser… » Déclara gravement Shinji.

Amagai s’étouffa dans son café. Il jura entre ses dents et tourna son visage vers le rouleau d’essuie-tout pour ramasser le liquide qui avait éclaboussé la surface blanche de la table. Alors qu’il dévidait le papier, l’urgentiste continua sans se démonter.

« Ah vous voyez ! Vous aussi… ça vous dégoûte ! Bon… il faut que je me trouve un cobaye qui voudra bien me dire où ça ne colle pas entre moi et les femmes… » Marmonna Shinji en se grattant la tête.

- Vous êtes peut-être trop direct ?

- Moi ? » S’étonna Shinji. « Non… je dis ce que je pense, c’est tout ! »

Shuusuke voulut répliquer, mais la porte de la salle de repos s’ouvrit. Gin vint se joindre à eux visiblement mécontent. Shinji observa l’urgentiste qui attrapa une boîte de chewing-gum et se mit à le mastiquer nerveusement.

« Vous non plus je ne m’imagine pas avec vous… » Continua Shinji toujours sur sa discussion.

Gin haussa un sourcil surpris, alors qu’Amagai rit doucement. Il était impossible de prendre Hirako au sérieux.

« Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? » Demanda Ichimaru.

- Hirako-san essaye de se trouver un partenaire au lieu d’une partenaire. » Répondit Shuusuke avec un petit sourire. « Visiblement, il ne me trouve pas à son goût et… vous non plus !

- Je ne suis pas gay, Hirako-san ! » Répondit Gin en se servant du café et s’installant sur un siège à côté de son ami. « Essayez plutôt avec Rojuro… il semble qu’il y ait plus de chance qu’il soit de ce bord là…

- Il fait quoi exactement ? » Demanda Amagai essayant de détourner la conversation.

- Oh… une petite vieille qui a essayé de sauver la vie de son chien et qui s’est fait renverser par une voiture à la place… Je pense qu’il en a pour un petit moment. Je me demande s’il n’a pas reçu de l’aide… »

Gin s’arrêta lorsque la porte s’ouvrit et Hiyori apparut en râlant

« On a besoin d’un urgentiste pour un bobo ! »

Amagai se leva instantanément et suivit l’infirmière acariâtre qui râla comme à son habitude.

« Je me demande pour quoi on prend notre service. Ce gamin aurait pu être amené à son médecin personnel et non aux urgences !

- Les parents sont toujours inquiets… » Répondit gentiment Shuusuke qui entra dans la salle que lui désignait Hiyori.

- Ouais… ben, ils peuvent l’être aussi chez leur médecin ! »

Amagai se dirigea vers un petit garçon qui avait les yeux rouges d’avoir pleuré, mais qu’il ne voyait qu’en partie seulement. Un homme aux cheveux longs se tenait juste devant lui.

« Pardon… mais, pourrais-je voir le blessé ? » Demanda Amagai gentiment.

L’individu se tourna et Shuusuke reconnut un des hommes qui étaient présents lorsqu’Isshin s’était fait admettre dans son hôpital. Il se racla légèrement la gorge et se concentra sur l’enfant assis devant lui. Il ne devait pas avoir plus de deux ans. Il ressemblait étonnamment à l’homme silencieux à côté d’eux.

« Tu t’appelles comment ? Demanda Amagai qui observait déjà les genoux sanglants de l’enfant.

- Tomatsu… Kuchiki.

- Et… tu es tombé comment ? »

L’enfant renifla et passa son avant-bras devant son nez comme pour l’essuyer.

« Il a sauté les dernières marches d’un escalator. » Répliqua une voix posée. « C’est de ma faute… j’ai été distrait un instant… »

Amagai adressa un sourire compatissant à l’homme tiré à quatre épingles. Il en imposait par sa prestance et sa beauté froide. Le médecin reporta son attention sur l’enfant déclara doucement

« Je vais m’occuper de tes bobos… »

Shuusuke traversa la pièce et récupéra le matériel de premier secours. Il ausculta le petit garçon tout en lui posant un tas de questions pour être sûr de ne rien oublier. Il avait presque finit lorsqu’une voix se fit entendre derrière eux.

« Byakuya ! Que s’est-il passé ?

- Tomatsu est tombé… Mais apparemment, plus de peur que de mal…

- Mais… il est à l’hôpital ! S’exclama le roux qui paraissait déboussolé.

- Papa Ichi… » S’exclama le gamin visiblement ravi.

Amagai se redressa et déclara avec une voix amicale.

« C’est bon mon bonhomme… C’est fini ! »

Byakuya remercia le médecin alors que Tomatsu bondissait dans les bras du roux.

« Ichigo… Tu… travailles ce matin ? Demanda Byakuya.

- J’ai un rendez-vous important… Grogna le roux.

- Moi aussi… » Soupira le deuxième homme.

Amagai quittait la pièce lorsque son oreille se dressa.

« Je vais demander à Isshin de garder Tomatsu. Karin est déjà avec lui… Je ne pense pas que cela le dérangera de prendre soin du petit pour la journée. Enfin, je vais… »

Shuusuke s’éloigna mais n’eut pas le temps de regagner la salle de repos qu’il fut interpellé pour une nouvelle urgence cette fois-ci plus grave. L’homme fit une croix sur la soirée qu’il pensait passer avec Kurosaki. Visiblement, il n’aurait pas de temps à lui accorder aujourd’hui. Sa déception fut immense. Sa journée lui parut plus sombre brutalement.

°°0°0°°

Les rues étaient très animées. La plupart des salary mans se dirigeaient vers les bars tout proches de leur travail. La fin d’après-midi était grise et le soir tombait déjà. Après avoir consulté un nombre incalculable de fois son portable, Shuusuke se décida tout de même à aller acheter des légumes et de la viande pour le soir même. Le médecin s’était décidé pour faire une fondue, un Ishikari-nabe[i] pour terminer par un Ogura Castella[ii]. Il ne s’était pas décidé encore pour la soupe. Il verrait bien sur place, en fonction des légumes qui lui sembleraient les plus appétissants.

Amagai se réprimanda intérieurement. Il n’avait aucune idée des préférences ou des goûts d’Isshin. Tant pis, il ferait selon ses propres critères. Après tout, s’il mettait du cœur dans ce qu’il faisait, cela transparaîtrait bien dans le repas qu’il présenterait à table… à moins qu’Isshin ne le prévienne à la dernière minute d’un changement de programme. Il ne reprocherait rien à son patron… après tout, il comprenait très bien… Lui-même avait souffert pendant longtemps de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Alors qu’Isshin ait la chance d’avoir des enfants et des petits-enfants…

La rue commerçante où se regroupaient presque tous les marchands de la ville laissait filer des effluves entêtants d’épices et d’arômes divers plus appétissants les uns que les autres. Amagai songea qu’il était plutôt impatient d’arriver à la belle saison où les odeurs seraient plus prononcées, les saveurs plus riches. Il salua quelques commerçants qu’il connaissait bien et papota pour bientôt marcher vers d’autres commerces.

Lorsqu’il monta dans la rame qui le ramenait à son appartement, Shuusuke était assez content de lui. L’heure n’était pas encore au retour des salary man, le métro faisait presque désert brutalement. Certains passagers s’étaient laissés à lire le journal, déplié en grand. Cela lui rappela l’incident de la veille.

Le médecin secoua la tête encore honteux de sa gêne, d’être coincé comme il l’avait été et surtout, la gentille moquerie d’Isshin. Son regard devint plus lourd lorsqu’il se rappela la main qui s’était emparée de la sienne. Le sourire chaleureux d’Isshin et… plus tard, le baiser plutôt chaste qu’ils avaient échangé. Pourtant, la brûlure de ses lèvres sur les siennes était encore vivace. Il avait eu plus d’impact que n’importe quelle autre caresse.

Pourquoi se sentait-il aussi vivant ? Pourquoi se transformait-il en adolescent dès qu’il pensait ou voyait Kurosaki Isshin ? Il aurait aimé être aussi spontané que cet homme, ne pas se poser de questions. Une demi-heure plus tard, Shuusuke ne se posa plus de questions métaphysiques devant ses fourneaux. Il avait lancé une playlist sur sa chaîne et dansait seul dans sa cuisine jonglant avec les légumes et les couteaux. Quoiqu’il faisait beaucoup plus attention depuis qu’il avait failli se sectionner un doigt.

Jetant un coup d’œil à sa montre, Amagai s’aperçut qu’il était un peu en avance. Il se dirigea vers la salle de bain et prit une douche. Lorsqu’il en sortit, Isshin n’était toujours pas là. L’anxiété se mit à le gagner progressivement. Que devait-il faire à présent ? Le médecin fit un détour en cuisine où le repas mijotait doucement. Il eut l’idée de sortir un Kotatsu dans son salon. C’était un moyen comme un autre de s’occuper l’esprit et les mains.

Le meuble fut monté beaucoup plus rapidement qu’il ne le pensait. Il installa l’appareillage électrique et plaça la fondue dessus. Son salon allait sentir pendant quelque temps. Shuusuke ferait disparaître tout cela en utilisant de l’encens… et en aérant ! L’homme se gratta le sommet du crâne cherchant un nouveau moyen de s’occuper alors que son stress montait progressivement. Shuusuke songea qu’il était peut-être temps de retirer le dessert du four.

Par distraction, l’homme se brûla avec le plat. Amagai jura. Il avait fallu qu’il se blesse ! Après avoir passé abondamment sa main sous l’eau, il se dirigea vers la salle de bain et passa une crème et tenta de se faire un bandage. Evidemment, c’était sa main droite qui était amochée, songea-t-il avec dépit. Il n’était pas ambidextre à son grand désespoir. Son bandage aurait pu ressembler à celui fait par un enfant d’une dizaine d’années. Dépité, Shuusuke se dirigea vers son salon et sortit sa console de jeu. Autant qu’il fasse quelque chose qui ne soit pas dangereux pour lui…

Avant de commencer, il jeta encore un coup d’œil à sa montre… Plus de trois quarts d’heure de retard. Devait-il appeler Isshin ? Lui était-il arrivé quelque chose qui l’empêchait de pouvoir l’appeler ? Amagai qui avait vu pas mal d’horreurs ces derniers temps, imagina Isshin blessé et son cœur eut un raté. S’il l’appelait et qu’Isshin ne lui répondait pas, Amagai deviendrait fou. Pour se détendre, il choisit Riddick. Rien de tel qu’un bon jeu d’action.

Le temps s’écoula très lentement pour Shuusuke qui réussit plus ou moins à rentrer dans la partie. Quand la sonnette retentit, le médecin faillit tomber à la renverse. Il laissa tomber sa manette et se dirigea vers la porte d’entrée le cœur battant… et si ce n’était pas Isshin ? Shuusuke ouvrit le battant et resta figé en rencontrant le regard sombre de Kurosaki. Amagai se rendit compte qu’il laissait échapper un soupir de soulagement.

Isshin haussa un sourcil et déclara sombrement.

« Je suis désolé… Shuusuke. Je… je me suis enfui de chez moi ! J’ai oublié mon portable et… j’ai été coincé dans un bouchon…. Tu as eu peur Shuusuke ? »

Isshin constata la mine blême du médecin et avant que ce dernier ne puisse répondre, il enlaça ses épaules et le serra contre lui.

« Je suis terriblement désolé… »

Shuusuke était raidi par l’angoisse et il eut du mal à réaliser qu’Isshin était bien là. Le médecin murmura

« Entre, ne reste pas sur le palier, Isshin… »

Les deux hommes entrèrent dans l’appartement et Isshin renifla l’atmosphère. Un sourire s’inscrivit sur ses traits et il demanda avec un air de gourmandise.

« Tu as fait un Ishikari-Nabe ?

- Comment as-tu deviné ? Demanda surpris Amagai.

- Cela fait une éternité que je n’en ai pas mangé… Il y aura un kotatsu ?

- Oui…

- Vraiment ? S’étonna Isshin.

- Suis-moi… »

Amagai se saisit de la main d’Isshin et le tira à sa suite. Shuusuke feignit de ne pas sentir le resserrement autour de ses doigts. La prise était chaleureuse et lui donnait l’impression d’avoir les jambes en coton. Ce dernier s’arrêta dans le salon et admira la salle.

« J’aime ce genre d’ambiance… Shuusuke… je ne regrette pas d’avoir échappé à la surveillance de ma fille.

- Surveillance ? » S’étonna Shuusuke en se retournant.

Deux bras le saisirent à la taille et il fut attiré contre la large poitrine de Kurosaki. La gorge d’Amagai se serra lorsqu’il rencontra le regard chaleureux de son patron. Ce dernier posa son front contre le sien, et une certaine fatigue semblait brutalement l’accabler.

« Karin a décidé que je devais rester cloîtré au sein des murs du clan Kurosaki. » Soupira Isshin. « J’ai gardé Tomatsu toute la journée et Karin m’a secondé. Ou cassé les pieds, je ne sais plus trop… Bref, mon petit-fils s’est blessé et Byakuya et Ichigo me l’ont amené. J’en ai été heureux. Mais…

- Si tu t’asseyais que je puisse te servir un remontant… »

Isshin adressa un grand sourire à Shuusuke. Il le relâcha et Amagai eut l’impression d’être perdu. Quel imbécile par moment, jura-t-il intérieurement. Mais, lui-même avait besoin d’un bon remontant. La tension qu’il avait accumulée durant l’heure où il avait attendu Isshin et toute sa journée où il se demandait s’il allait effectivement venir l’assommèrent.

Isshin demanda la permission de s’installer sous le kotastu et Amagai acquiesça. Lui se dirigea vers la cuisine où il sortit une bonne bouteille de saké. Il sortit deux coupes et il s’en servit une première pour se donner de la force.

« Tu as eu si peur… Shuusuke ? »

Surpris, Amagai se tourna et observa le médecin accoudé nonchalamment sur le chambranle. L’homme fronça les sourcils et avoua sombrement.

« Oui… j’ai eu peur que tu ne viennes pas ! Car c’est moi qui ai soigné Tomatsu… Je me suis demandé si tu décommanderais et… ne te voyant pas venir, j’ai oscillé entre le fait que tu puisses me poser un lapin ou qu’il te soit arrivé quelque ch… »

Shuusuke se tu lorsqu’une étreinte ferme se referma sur lui. Isshin souffla contre son oreille.

« Je ne sais pas comment je vais pouvoir te faire comprendre que je t’aime sincèrement. Ne crois pas que je t’abandonnerai aussi facilement… Shuusuke, je suis désolé de t’avoir donné du souci. Je te promets de m’enfuir avec mon portable la prochaine fois… » Tenta de plaisanter Isshin.

Ce dernier repoussa légèrement Amagai pour le regarder droit dans les yeux. Loin d’être moqueuse, l’expression du médecin était très sérieuse. Le temps sembla suspendre son vol. Ils étaient profondément émus par leurs propres sentiments qu’ils ne parvenaient pas à réfréner. Isshin attrapa les mains de Shuusuke et baissa brutalement la tête. Il la releva et demanda surpris.

« Que t’est-il arrivé ?

- Je me suis… brûlé ! Maugréa Shuusuke.

- En faisant quoi ?

- J’ai voulu sortir le gâteau du four et… j’avais l’esprit ailleurs.

- Montre-moi ça… »

Isshin défit le bandage mal serré sans aucune difficulté. Il observa la plaie et grimaça.

« Tu ne t’es pas loupé…

- Autant faire les choses en grand… » Remarqua Shuusuke avec un semblant d’humour.

- Ne te fais pas du mal comme ça… Je vais te refaire ton bandage. »

Amagai ne protesta pas et observa les gestes du chirurgien. Il pratiquait avec beaucoup de délicatesse. Shuusuke pour le coup en fut surpris. Après une courte réflexion, il constata qu’il n’en était rien… pas vraiment en fait. Isshin le traitait avec beaucoup d’égard. Comme s’il était avec une femme… Non pas qu’il le prenait pour une femme, mais il gardait certainement les habitudes qu’il avait, lorsqu’il sortait avec elles. Shuusuke aurait peut-être dû se sentir vexé… mais il n’en était rien. Venant d’un autre, il aurait certainement mal pris la chose…

Quelques minutes plus tard, Isshin se redressa et rencontra le regard intense de Shuusuke. Les sentiments qui se bousculaient dans ses prunelles le touchèrent. Amagai se reprit et eut un sourire et proposa

« Et si nous allions manger ? J’ai l’impression que mon nabe risque d’être immangeable…

- Cela serait effectivement dommage… » Souffla Isshin en glissant rapidement un doigt sur la joue de Shuusuke qui rougit légèrement.

Cela amena un sourire sur le visage du chirurgien. Isshin était surpris par le trouble qu’il provoquait chez l’urgentiste et ses réactions qui pourraient passer pour puériles, lui ne s’en lassait pas. Mazaki était si sûre d’elle, jamais elle ne semblait émue comme pouvait l’être Shuusuke. Elle affichait toujours un doux sourire qui cachait ses réelles émotions. Isshin l’avait toujours regretté. Lui aurait aimé voir les jours de pluie, les doutes, les bourrasques annonciatrices de tempêtes… peut-être que les choses se seraient passées différemment entre eux…

Assis autour de la table devant leurs assiettes, les jambes étalées, emmêlées rapidement par Isshin. Ils dégustèrent leur repas. Le regard du chirurgien avait glissé vers la télé et demanda

« Tu jouais en m’attendant ?

- Une façon de m’occuper l’esprit… Rétorqua Shuusuke qui fit un mouvement pour éteindre son écran.

- Non ! S’exclama Isshin. J’aimerais… j’aimerais savoir y jouer ! »

Stupéfait, Shuusuke observa son interlocuteur. Le chirurgien grimaça et avoua

« Demain mon petit-fils vient me rendre visite. Et… il adore les jeux vidéo. Tout à l’heure au téléphone, il m’a promis quelques parties et de me mettre une raclée mémorable. Et… et comme je vois que tu en as… j’aimerai que tu m’apprennes au moins à ne pas paraître trop ridicule. Je n’ai jamais utilisé ce genre de chose… »

Amagai haussa un sourcil et déclara en prenant un air démoniaque.

« Tu as frappé à la bonne porte… Je suis un maître à ce genre de jeux… Ton petit-fils va s’en mordre les doigts de t’avoir provoqué ! »

Isshin éclata de rire et avala un morceau de saumon. Il agita ses baguettes et déclara moqueur

« Si je n’ai pas les résultats escomptés, compte sur moi pour te réclamer un prix…

- Ce n’est pas avec ce genre de paroles que tu vas m’inciter à te rendre imbattable. Se moqua Shuusuke en prenant un air narquois.

- Oui… tu as raison… » Fit Isshin amusé. « Alors, si j’arrive à battre mon petit fils et à l’impressionner… tu pourras me demander ce que tu veux…

- Vraiment ? Sourit Shuusuke.

- Si c’est dans mes moyens, je me ferai un plaisir de répondre à tes attentes ».

La tension dans la pièce grimpa d’un seul coup. Le silence se prolongeait alors que leurs regards restaient toujours rivés dans celui de l’autre. Sous le kotetsu, les orteils d’Isshin caressèrent les mollets de l’urgentiste de manière sensuelle. Amagai murmura sans vraiment sans s’en apercevoir.

« Pourquoi t’es-tu enfui de chez toi ?

- Karin voulait organiser une réunion familiale surprise.

- Et tu n’as pas voulu ? S’étonna Amagai.

- Je vais avoir toute ma famille réunie ce week-end à la maison… » Soupira Isshin en attrapant un peu d’udon[iii]. Il reprit pensif « Mes enfants m’ont ignoré pendant des années… et j’aspirais à les voir plus souvent. Je me suis habitué… à être seul. De devoir brutalement changer mes habitudes, de devoir me plier à leurs exigences alors que toute ma vie, j’ai eu à subir les exigences de mon clan… alors qu’aujourd’hui, j’ai la chance d’échapper à tout cela. Je veux aussi pouvoir avoir le choix. Et… il y a toi… »

Amagai observa surpris Isshin qui s’était emparé de sa main. Il répondit à l’étreinte des doigts d’Isshin. Le regard sombre du chirurgien exprimait un grand trouble. Amagai répondit, un peu mal à l’aise.

« Je ne veux pas que tu mettes ta famille de côté pour moi…

- Shuusuke… je n’en ai aucunement l’intention. Mais, est-ce mal de vouloir vivre ma vie ? Est-ce mal de vouloir me réserver des instants de liberté ? Est-ce mal de vouloir être en ta compagnie ? Je ne pourrai pas te revoir avant mardi et… ce sera au travail. Autrement dit, nous n’aurons pas beaucoup l’occasion de nous parler. Alors… laisse-moi profiter de tous les moments qui pourront nous être accordés. Laisse-moi la possibilité de pouvoir choisir où je veux aller, faire ce qui me plaît sans avoir de compte à rendre, comme si j’étais devenu sénile avant l’heure… »

Un nouveau silence tomba et ce fut cette fois-ci Shuusuke, qui avait posé ses couverts pour écouter Isshin, qui glissa sa main libre vers le visage devenu trop sérieux. Amagai voyait la souffrance dans l’encre des yeux de son amant, et ça, il ne le voulait pas.

« Alors…, profitons du temps qui nous est accordé Isshin. »

Un sourire effleura les lèvres du chirurgien qui hocha la tête. Ils reprirent leurs repas et après, s’installèrent devant la télé. Shuusuke donna son premier cours sur les jeux vidéo à un élève très attentif. Un sourire éclairait les traits de l’urgentiste qui voyait bien qu’Isshin ne laisserait pas son petit fils avoir le beau rôle. La soirée allait s’annoncer longue.

Et effectivement, Isshin à plusieurs reprises avait failli broyer la manette de jeu parce qu’il aurait préféré porter les coups lui-même… Utiliser une manette qui n’obéissait pas à ses injonctions l’exaspérait au possible. Nombre de fois, il allait abandonner et il suffisait à Amagai d’arborer une expression narquoise et de dire d’un ton légèrement sarcastique

« Je vois que tu as très envie de me faire plaisir… et puis se faire battre par un ado… ce n’est pas honteux, surtout à ton âge… »

Isshin lui jetait un regard mauvais qui avait troublé Shuusuke sur le coup, avant de se rendre compte que le chirurgien n’était absolument pas en colère après lui, mais plutôt contre lui-même. Autour de onze heures, Isshin se débrouillait plus que convenablement. Amagai commençait à ressentir le poids de sa journée et bâilla discrètement au début. Pour bientôt étendre ses jambes et finalement à se décrocher la mâchoire sans se rendre compte de son attitude plus que décontractée.

Le regard d’Isshin glissait souvent vers Amagai qui n’arrivait plus à soutenir la conversation. Quand il se laissa tomber pour dormir à son aise, Isshin eut un sourire et déclara moqueur

« Ah les jeunes… ce n’est plus ce que c’était… »

Il continua un peu à jouer et finit par se lever pour soulever Shuusuke qui ne bronchait pas. Après avoir tourné un peu dans l’appartement plutôt grand pour un homme seul, il déposa l’urgentiste sur le matelas de son lit. Isshin eut honte. Le lendemain matin de bonne heure, Shuusuke devrait se lever, exténué, alors que son travail demandait qu’il ait toutes ses capacités.

Isshin resta un long moment à regarder Amagai dormir. Le calme de la pièce, cette espèce d’intimité confortable qui existait et qu’il n’avait jamais connu jusqu’à présent, se rependait dans chaque fibre de son être. Les doigts d’Isshin effleurèrent les cheveux en pagaille de son amant. Le chirurgien se pencha pour observer un peu plus Shuusuke. Il voulait savoir ce qui l’attirait tant chez cet homme. A force de se pencher, le nez du chirurgien toucha celui de Shuusuke.

Voulant se redresser, deux bras encerclèrent sa nuque le faisant s’approcher dangereusement du visage de l’homme visiblement encore endormi.

« Tu es trop loin… » Marmonna l’urgentiste.

Isshin eut un sourire, mais loucha quand Amagai plaqua sa bouche contre la sienne. Le baiser fut bref et Shuusuke murmura

« Assez ! On dort maintenant…

- Pas de problème…» Chuchota Isshin qui se laissa tomber sur le matelas.

Shuusuke se glissa entre ses bras et Isshin sentit une jambe glisser entre les siennes. Il se laissa faire. Par contre, il ne pouvait pas éteindre la lampe du couloir qui brillait encore. Isshin songea que le moins qu’il puisse faire s’était au moins d’allumer le radioréveil à côté de lui. Les cheveux de Shuusuke lui chatouillaient la joue et amenèrent un sourire à Isshin. C’était finalement terriblement confortable, après la journée d’enfer que Karin lui avait fait vivre… cela lui donnait un avant-goût de Paradis. Son sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu’il s’endormait doucement.

°°0°0°°

Le radioréveil réveilla Shuusuke brutalement. Mais quand il voulut éteindre l’appareil de torture, un obstacle de taille l’empêcha de l’atteindre. Il ouvrit les yeux et rencontra le visage endormi d’Isshin. Que faisait Kurosaki dans son lit ? Son regard se baissa sur leurs tenues et il constata soulagé qu’ils étaient encore habillés.

« Non… nous n’avons rien fait… » Rit, endormi, Isshin.

L’urgentiste leva vivement les yeux, et rencontra les prunelles amusées du chirurgien. Décontenancé et surpris, Shuusuke demanda

« Que s’est-il passé ?

- Tu t’es endormi et je t’ai emmené dans ta chambre en tout bien tout honneur ! Là, tu as profité du fait que tu étais endormi pour t’attaquer lâchement à moi et me faire basculer dans ton lit et m’embrasser sauvagement… J’ai dû me battre pour que tu ne me violes pas ! »

Amagai songea à son nouveau rêve érotique et devint écarlate. Et s’il avait tenté de faire subir à Isshin ce que son esprit tordu lui avait suggéré ? Isshin haussa un sourcil et se tourna légèrement sur le côté en prenant appuis sur un coude.

« Dis-moi Amagai-san… tu n’as pas l’air d’avoir des pensées très nettes quand tu songes à moi…

- Isshin… » Commença désespéré Amagai qui ne savait plus où se mettre.

La bouche de Kurosaki embrassa chastement la sienne, et Isshin rit doucement.

« Ne t’inquiète pas… ce n’est pas franchement quelque chose qui me dérange venant de toi… »

Et avant que Shuusuke ne puisse deviner les intentions d’Isshin, ce dernier le poussa sur le matelas et l’embrassa. La langue d’Isshin taquina la bouche d’Amagai pour en réclamer le passage. L’expression du chirurgien était insondable.

Shuusuke abandonna ses réticences qui l’empêchaient d’exprimer le désir qu’il éprouvait pour Kurosaki. Il ouvrit la bouche et sa langue partit à la rencontre de celle de son amant. Ses bras se refermèrent sur les épaules larges qui le surplombaient. Ses doigts s’enfoncèrent dans les mèches épaisses et douces d’Isshin. Le baiser était tendre et voluptueux. La langue qui s’enroulait autour de la sienne explorait sa bouche avec passion.

Isshin qui avait simplement l’intention au départ de donner un vrai baiser plutôt que ces attouchements timides d’adolescents, se laissa emporter par la fièvre. Loin d’être timide Shuusuke se livrait enfin à lui, sans détour.

Lorsque le baiser cassa, les deux médecins se fixèrent intensément, la respiration courte. Ils étaient très troublés par leur étreinte. Les mains de Shuusuke quittèrent les larges épaules d’Isshin pour lui encercler le visage. Ses doigts le caressèrent  avec tendresse. Isshin laissa son visage reposer entre les doigts attentionnés et amoureux de Shuusuke. Le monde avait cessé d’exister autour d’eux. L’espace s’en trouva réduit à celui de leurs bras.

Cet article In your Arms 9 est apparu en premier sur La Plume de Jijisub.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 9

Latest Images

Trending Articles





Latest Images